entêter

entêter

entêter [ ɑ̃tete ] v. tr. <conjug. : 1>
XIIIe; de en- et tête
I V. tr.
1Incommoder par des vapeurs, des émanations qui montent à la tête. Vin qui entête. étourdir. « elle était comme ces gens qui aiment les fleurs, et que leur parfum entête » (Radiguet).
2(XVIe « abrutir ») Vx Remplir la tête de (qqn) d'une prévention aveuglément favorable pour (qqch.); occuper son esprit. « les femmes savaient l'art d'entêter les hommes » (Lesage). « Depuis que de Tartuffe on le voit entêté » (Molière). coiffé, entiché.
II V. pron.
1Vx ou littér. S'ENTÊTER DE (qqn, qqch.). s'engouer.
2(répandu XVIIIe) Persister avec obstination à (et l'inf.), dans (qqch.). se buter, s'obstiner, s'opiniâtrer. « Il s'entêtait à nourrir des rancunes et des chimères » (Barrès). S'entêter dans son refus.
⊗ CONTR. Dégoûter. — Céder, changer.

entêter verbe transitif (de tête) En parlant des odeurs, des vapeurs, porter à la tête ; étourdir : Parfum trop fort qui entête l'assistance.entêter (homonymes) verbe transitif (de tête)

entêter
v.
d1./d v. tr. étourdir par des émanations qui montent à la tête. Le parfum entête.
d2./d v. Pron. Persister dans ses résolutions sans tenir compte des circonstances. Malgré les conseils, il s'entête à partir. Syn. s'obstiner.

I.
⇒ENTÊTER1, verbe trans.
A.— Vieilli
1. [Le suj. désigne une odeur, une vapeur ou la pers. qui exhale l'odeur, la vapeur] Monter à la tête, troubler l'esprit. Se musquer au point d'entêter ses amis (GONCOURT, Journal, 1858, p. 572). Ces gens qui aiment les fleurs, et que leur parfum entête (RADIGUET, Bal, 1923, p. 123). L'odeur de miel amer entêtait un peu (POURRAT, Gaspard, 1925, p. 19) :
1. LE DEUXIÈME BOURREAU.
— Pas d'Houbigant, pas de Guerlain
Dans mon eau de toilette!
Quelque condamné sans entrain
Dirait que je l'entête!
GIRAUDOUX, Intermezzo, 1933, II, 4, p. 127.
2. Au fig. Enivrer, exalter, tourner la tête. Toutes les bouffées de l'existence somptueuse de Paris et du château arrivent et entêtent ces imaginations de quinze ans (GONCOURT, Journal, 1862, p. 1069).
Emploi pronom. subjectif. S'engouer, se captiver pour quelqu'un, pour quelque chose. S'entêter de qqn, de qqc., pour qqn, pour qqc. Ces Visitandines (...) pour le plaisir d'intriguer, s'entêtent d'un conflit qui ne les regarde point (BREMOND, Hist. sent. relig., t. 4, 1920, p. 230). Un jour elle s'entêta d'une robe lie-de-vin (MONTHERL., Pitié femmes, 1936, p. 1086).
B.— P. ext.
1. Vieilli. Entêter qqn dans qqc. Persuader, captiver entièrement l'esprit de quelqu'un pour quelque chose au point d'annihiler son jugement. Les murs eux-mêmes l'entêtaient dans son idée (BARRÈS, C. Baudoche, 1909, p. 185). Le camarade Lévy (...) qui lui inculque des principes de marxisme, l'entête dans son égoïsme et fournit des bases solides à sa goujaterie spontanée (GIDE, Journal, 1943, p. 200).
[Sans compl. prép.] :
2. Une rage l'entêtait, une de ces rages imbéciles qui ne s'abaissent point à discuter, le « quand même » sourd et aveugle d'un gaillard peu habitué à se voir marchander ses caprices et qui se bute à son idée fixe.
COURTELINE, Le Train de 8 h 47, 1888, 2e part., 3, p. 116.
2. Cour., emploi pronom. subjectif. S'entêter à + inf. S'obstiner à. S'entêter dans qqc. S'obstiner, se buter dans une opinion, une décision. Elle ne veut rien entendre et s'entête dans ses idées (CHAMPFL., Avent. Mlle Mariette, 1853, p. 118) :
3. ... une poignée de vaillants garçons s'entêta dans la Résistance, et l'on vit l'inertie concertée triompher de la brutalité aveugle.
AMBRIÈRE, Les Grandes vacances, 1946, p. 279.
Prononc. et Orth. :[] ou p. harmonis. vocalique et malgré l'accent circonflexe [], (j')entête []. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. A. 1. 1176-81 « étourdir [en frappant à la tête] » (CH. DE TROYES, Chevalier Lion, éd. M. Roques, 6246); 2. ca 1280 [vins] entestans « qui porte à la tête » (PH. DE BEAUMANOIR, Jehan et Blonde, 3853 ds T.-L.). B. Ca 1223 [li] entestés « qui a de l'entêtement » (G. DE COINCY, éd. V. F. Kœnig, 2 Mir 30, 331); fin XIIIe s. [ms.] « s'obstiner » (1re continuation de Perceval, éd. Roach, 10054, var. de M.). Dér. de tête; préf. en-; dés. -er. Fréq. abs. littér. :493. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 79, b) 547; XXe s. : a) 1 809, b) 646. Bbg. RAT (M.). Il n'y a pas de synon. S'enticher, s'engouer, s'entêter. Vie Lang. 1965, pp. 645-647.
II.
⇒ENTÊTER2, verbe trans.
TECHNOL. Garnir la hanse ou tige de l'épingle de sa tête, de manière qu'elle paraisse y avoir été soudée (d'apr. CHESN. 1857 et DG). Un ouvrier entête communément 8 à 9 milliers d'épingles en un jour (LITTRÉ).
Prononc. et Orth. :[] ou p. harmonis. vocalique et malgré l'accent circonflexe []. Étymol. et Hist. 1755 (Encyclop. t. 5). Dér. de tête; préf. en-; dés. -er.

entêter [ɑ̃tete] v. tr.
ÉTYM. XIIIe; de en-, tête, et suff. verbal.
———
I
1 Incommoder par des vapeurs, des émanations qui montent à la tête. || Le vin les a entêtés. Étourdir. || Ces fleurs, ces odeurs m'entêtent.
1 Les chèvrefeuilles ne m'entêtent point.
Mme de Sévigné, in Littré.
2 (…) tant de guirlandes de roses que nous en étions entêtés (…)
Marmontel, Mémoires, in Littré.
3 (…) elle était comme ces gens qui aiment les fleurs, et que leur parfum entête.
R. Radiguet, le Bal du comte d'Orgel, p. 123.
2 (XVIe, « abrutir »). Vx. || Entêter (qqn) de (qqch.) : remplir la tête de (qqn) d'une prévention aveuglément favorable pour (qqch.). || Il a fini par l'entêter de ce médecin à force de lui en dire du bien.REM. Le mot n'est vivant qu'au passif et au participe passé. Entêté. || Il est entêté de cette idée, il ne veut pas en démordre. Coiffé, engoué, entiché.
4 Depuis que de Tartuffe on le voit entêté (…)
Molière, Tartuffe, I, 2.
5 (Elle) me dit que, si les femmes savaient l'art d'entêter les hommes, en récompense les hommes n'ignoraient pas celui d'enjôler les femmes.
A. R. Lesage, Gil Blas, IX, VI.
6 (…) il est si entêté de ses opinions, qu'il les veut toujours suivre préférablement à celles des autres, de peur de paraître déférer aux lumières de quelqu'un.
A. R. Lesage, Gil Blas, XI, V.
Littér. || Entêter qqn dans (son idée, ses habitudes…).
———
II Vx ou techn. Pourvoir d'une tête. || Entêter des épingles, des clous.
——————
s'entêter v. pron.
1 Vx ou littér. || S'entêter de (quelqu'un, quelque chose) : s'attacher violemment et inconsidérement à (quelqu'un, quelque chose). Engouer (s'), enticher (s'). || Il s'est entêté de cet auteur et de ce système au point d'en changer toute sa conduite.
7 (…) aussi n'est-il point à propos de les engager (les filles) dans des études dont elles pourraient s'entêter (…)
Fénelon, l'Éducation des filles, I.
2 (Répandu XVIIIe). || S'entêter à (faire qqch.), s'entêter dans (une opinion, une attitude) : persister avec obstination à (faire qqch.), dans (une attitude, une opinion). Aheurter (s'), buter (se), obstiner (s'), opiniâtrer (s'). || S'entêter à vouloir, à faire quelque chose. || S'entêter dans ses opinions. || S'entêter dans une attitude (→ Dissiper, cit. 9).Absolt. || Il ne veut rien entendre, il s'entête.
8 (…) elle inclinait à s'entêter pour jamais dans son silence vis-à-vis de l'étranger et à laisser couler humblement la vie de son Ramuntcho près d'elle (…)
Loti, Ramuntcho, I, I, p. 19.
9 Il s'entêtait à nourrir des rancunes et des chimères politiques qui le faisaient peu sociable et pareil à un exilé.
M. Barrès, Leurs figures, p. 14.
10 Voilà plusieurs jours déjà qu'il a compris que la guerre était inévitable, et qu'il serait fou, qu'il serait même criminel, de s'entêter dans l'opposition (…)
Martin du Gard, les Thibault, t. VII, p. 77.
——————
entêté, ée p. p. adj.
1 (XIIe). Qui fait preuve d'entêtement. Têtu. || C'est un homme entêté, très entêté. || Elle est encore plus entêtée que sa mère. Obstiné, opiniâtre, persévérant. || Être entêté comme un âne, comme une mule. || Entêté et querelleur. Hutin (vx).Enfant entêté, qui n'écoute rien, n'en fait qu'à sa tête. Incorrigible, indocile.N. || Un entêté. (fam.) Cabochard, cochon (tête de).
11 La force de cervelle fait les entêtés, et la force d'esprit les caractères fermes.
Joseph Joubert, Pensées, IV, LIV.
11.1 Mais peut-on imaginer que cet entêté refusa de se déshabiller et de quitter sa redingote avant l'arrivée des médecins ?
G. Leroux, le Parfum de la dame en noir, p. 348.
Esprit entêté. Entier, exclusif, intraitable, systématique.
12 Les esprits entêtés regimbent contre l'insistance; auprès d'eux on gâte tout en voulant tout emporter de haute lutte.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. VI, p. 61.
(Choses). Qui manifeste de l'entêtement. || Une résistance entêtée. Acharné, tenace.
13 Mais l'erreur est plus entêtée que la foi et n'examine pas ses croyances.
Proust, À la recherche du temps perdu, t. XI, p. 236.
2 (Correspond à s'entêter, 1). Vx. || Entêté de (qqch., qqn) : qui manifeste un intérêt passionné pour (qqch., qqn).
14 (…) la sultane les recevait toujours avec toutes les démonstrations d'estime et de considération qu'elles pouvaient attendre d'une sœur qui n'était pas entêtée de sa dignité, et qui ne cessait de les aimer avec la même cordialité qu'auparavant.
A. Galland, les Mille et une Nuits, t. III, p. 443.
CONTR. Dégoûter. — Capituler, céder, changer. — Étêter. — (Du p. p. adj.). Faible, fantasque, inconstant, versatile. — Complaisant, traitable.
DÉR. Entêtant, entêtement.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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